Oser randonner en solitaire
Du 16 au 29 août 2021, j’accomplissais ma première longue randonnée pédestre en solitaire, en parcourant l’intégralité de la East Coast Trail, un magnifique sentier côtier de 336 kilomètres dans les environs de St-Jonh’s. Quatorze jours qui furent riches en émotions, rencontres et découvertes.
Oser entreprendre une aventure en solitaire
Clarifions un point: je ne suis pas une personne exempte de peurs. Certes, je ne considère pas la solitude comme une ennemie. J’aime être seule dans la nature, aller à mon rythme, prendre mes propres décisions. Cette liberté m’exalte au plus haut point. Je me sens en symbiose avec mon environnement.
La nuit par contre, c’est différent. Un bruit, un craquement, une lumière inhabituelle, et mon cerveau a vite fait de me projeter dans le film Blair Witch Project, ou encore dans Frenzy, édition spéciale plein air.
En randonnée solo, il est normal d’éprouver certaines peurs plus intensément, quelles soient rationnelles ou non. L’important est d’apprendre à les maîtriser et à les accepter.
La récompense de dépasser ses angoisses est grandiose. On y gagne ce sentiment si précieux de pouvoir accomplir ses objectifs et vivre ses passions de façon complètement autonome et indépendante. C’est un sentiment grisant.
Choisir un sentier adapté à une première randonnée en solitaire
Quel sentier choisir pour une
première randonnée en solitaire? Plusieurs critères doivent être pris en
compte. Personnellement, avant de choisir un sentier, je prends en
considération ces trois éléments:
- la sécurité: ce sentier est-il loin de la
civilisation? Est-ce que j’aurai du réseau cellulaire tout le long de mon
parcours? Ce sentier est-il fréquemment emprunté ? Est-ce que certains
animaux sauvages se tiennent proche des sentiers?
- la difficulté: ce sentier est-il réputé comme
étant difficile? Quel est le dénivelé? Le sentier peut-il devenir
dangereux en cas de mauvais temps ?
- le budget et l’organisation: quel est le coût
de voyagement pour arriver au départ de la randonnée? Suis-je obligée de
dormir dans des campements officiels? Dois-je payer des frais d’accès?
Vais-je passer par des points de ravitaillement pendant ma randonnée
Pourquoi la East Coast Trail ?
La East Coast Trail répondait à la grande majorité de mes critères. En plus d’offrir des paysages grandioses en continu, le risque d’y croiser un grizzly ou un animal dangereux s’apparente à celui de croiser un éléphant dans les rues de Montréal.
Sur ce sentier, le camping sauvage est permis, ce qui non seulement allège le budget, mais rend l’organisation beaucoup plus facile. Adieu la pression de parcourir un nombre précis de kilomètres à chaque jour!
L’organisation de cette randonnée est non seulement facilitée par l’existence d’une série de 34 cartes détaillées des sentiers, mais également par un groupe Facebook (ECT Thru hike -End to End on the East Coast Trail) dédié exclusivement aux randonneurs qui arpentent le sentier dans son entièreté.
On y trouve, entre autres un fichier Excel recensant les points d’eau, les ravitaillements et les suggestions de campings sauvages.
L’importance des éléments de confort
Randonner en solitaire pour la première fois vous fera assurément sortir de votre zone de confort. Certaines journées seront plus difficiles mentalement et physiquement que d’autres. Dans ces moments, il est bon d’avoir ce que j’appelle des éléments de confort.
Pour moi, il s’agissait de deux batteries pour recharger mon téléphone et un mini téléphone satellite. Sachant que j’aurais probablement peur le soir, je me sentais rassurée de pouvoir communiquer avec mes proches en tout temps même dans les parties du sentier où le réseau cellulaire ne fonctionnait pas.
Que ce soit un bon livre pour ne pas s’ennuyer, quelques bouteilles de trop pour ne pas manquer d’eau ou une poignée de friandises, les éléments de confort varient dépendamment de chaque personne. Certes, ces ajouts de matériel augmenteront légèrement le poids de votre sac-à-dos, mais ils seront probablement une belle source de bonheur et de réconfort dans les moments les plus difficiles de votre randonnée!
Rétrospective de ma première randonnée en solitaire
Un élément marquant de ma randonnée a été sans conteste l’accueil chaleureux et la grande générosité des Terre-Neuviens. Je ne peux compter le nombre de cafés, de collations, de bouteilles d’eau et de conseils qu’on m’a offerts tout au long du trajet. Dans un petit village à une heure de St-John’s, deux résidants m’ont même hébergée gratuitement pour une nuit dans leur maison !
Lors de mes quatorze jours de marche, je suis passée par une gamme d’émotions des plus variées, que ce soit la joie d’être sur le sentier, l’angoisse d’affronter la nuit toute seule, la fierté d’avoir complété le sentier et la gratitude des rencontres extraordinaires faites le long du parcours.
Cette expérience m’aura définitivement confirmé mon amour pour la longue randonnée et rapprochée de mon rêve de parcourir les 3000 km de l’HexaTrek !
À votre tour de vous lancer !