Jour 89 : mission, retourner dans le sentier
Le matin suivant notre tentative manquée de se rendre au glacier de Saint-Sorlin, nous nous levons assez tardivement. Tout d’abord, nous allons déjeuner avec Magalie et Nicolas qui sont assez surpris de nous retrouver! Nous leur expliquons nos péripéties de la veille et élaborons un plan pour revenir dans le sentier dès aujourd’hui. Il n’est pas question de retenter la montée d’hier, une fois suffit amplement (on aime bien l’effort, mais refaire deux fois exactement la même chose, c’est moins tentant).
On étudie les cartes et convenons que le point le plus facile pour reprendre le sentier sera à partir du Col du Glandon (vraiment, les français, vous avez le tour pour créer de drôles de noms de lieux).
S’ensuit une longue journée alternant deux bus et trois covoiturage pour atteindre ce fameux col. Par chance les navettes proposent des trajets gratuits, un conducteur nous offre des glaces, et le dernier dévie de son itinéraire pour aller nous porter au sommet du col! Franchement, je me trouve bien chanceuse dans ces situations!
Nous arrivons en fin d’après-midi sur le col, et décidons d’y passer la nuit sur ce dernier qui offre une magnifique vue sur les environs. Demain, ce sera le temps d’attaquer le fameux massif de Belledonne! Mais pour l’instant, repos!
Jour 90: direction Belledonne
Le lendemain matin, nous partons du col vers 7h00, en même temps que le lever du soleil. Peu à peu, nous découvrons Belledonne… et ses pierriers. Parce que wow, des pierriers, il y en a pas à peu près! En plus d’être randonneurs, nous devons donc s’improviser équilibristes.
Il n’est pas si difficile de marcher de rocs en rocs, mais cela demande beaucoup de concentration, ce qui finit par fatiguer rapidement.
Vers 11h00, nous arrivons au sympathique refuge de la combe Madame. Nous commandons une tarte aux myrtilles que nous savourons sur des airs de Charles Aznavour qui retentissent dans toute la pièce. Entraînés par le grand chanteur, nous ne pouvons nous empêcher de chanter avec lui (désolé pour vos oreilles). Nous en profitons pour signer le livre d’or de l’Hexatrek. C’est toujours un beau moment de lire les messages des autres randonneurs qui sont passés avant nous. Nous en connaissons plusieurs et ça fait toujours chaud au cœur d’avoir de leurs nouvelles via le livre.
Avant de prendre la route, les adorables gérants nous donnent quelques provisions de Carambars (Hugo se gère mieux son stock que moi, disons que mes provisions à moi de 8 bonbons au caramel bien sucré s’épuisent en environ 2 minutes).
Après une longue descente, il est maintenant le temps pour une grosse montée raide qui nous amènera au Refuge des 7 Laux, un gîte entouré du Lac carré (vous avez déjà vu un lac de cette forme?) et le lac de la Motte (franchement là vous exagérez 😂). L’ascension est particulièrement abrupte et la chaleur écrasante fait en sorte que mon front se couvre de sueur assez rapidement. Une douche ne serait pas de refus ! (Je dis ça pour le bien de tout le monde)
J’arrive au refuge vers 15h00. Je parle un peu avec le gérant et je lui mentionne que je fais l’Hexatrek. Il me demande aussitôt ce que je veux boire. Ne comprenant pas son empressement, je lui réponds qu’une limonade serait incroyable, et au moment où je sors mon argent, je réalise qu’il me l’offre gratuitement! C’est toujours plaisant de voir tous ces gestes de pure générosité. Sa fille, qui doit avoir environ 10 ans, vient me porter la boisson. C’est elle qui s’occupe des clients au niveau du service et des comptes, et laissez moi vous dire que malgré son très jeune âge, elle est très très à son affaire ! Quelques minutes plus tard, Hugo vient me rejoindre.
Ça ne fait même pas 1 heure que nous sommes installés que le propriétaire nous propose de nous faire une omelette, également gratuitement! Wow, nous ne pouvons pas résister. Avec ses lardons et ses épices, cette omelette est de loin la meilleure que j’ai mangée de ma vie.
Comme la météo n’est pas optimale, nous décidons de nous payer un lit en dortoir. Ce dernier est disons… ancien et très dense. Au total, nous sommes plus de 50 personnes qui passeront la nuit dans la même pièce avec une seule toilette! Ça promet bien un concert de ronflement! Un spectacle gratuit en plus! Apparemment, ce refuge est extrêmement populaire puisqu’il marque le départ de plusieurs voies d’escalade ainsi que de différents chemins de randonnée.
La petite fille/gérante du refuge nous amène jusqu’au dortoir et nous assigne minutieusement les lits. C’est toute une gymnastique mentale de faire entrer 50 personnes dans une même pièce ! J’hérite d’un lit au troisième étage.
Monter dans ce dernier est un exercice d’escalade. Je suis au troisième étage et je dois y accéder sans échelle pour m’aider. Dès que quelq’un bouge dans le bloc, c’est tous les lits qui tremblent. La nuit risque d’être courte !
Je me mets au lit, puis il y a extinction des feux vers 21 heures. Nous ne serons pas les seuls à de lever tôt demain matin, puisqu’un groupe de 16 alpinistes ont mis leur reveil à 4h00. Un randonneur fait rire tout le monde en nous souhaitant une belle nuit dans notre cellule de prison. J’avoue que ce ne sont pas vraiment les plus beaux dortoirs que j’ai vus! Mais bon, ça fait l’affaire. Je mets mes écouteurs et de la musique pour masquer les ronflements qui se font déjà entendre un peu partout. Allez, c’est le temps de se coucher !
Jour 91: Belledonne, ça use, ça use
Alors que nous avions eu un répit de mauvais temps dans les écrins, les prévisions météorologiques se gâtent légèrement dans Belledonne: à chaque après-midi depuis quelques jours, on y annonce un orage aux alentours de 14h00 à 15h00. Cela fait en sorte que nous devons commencer nos journées extrêmement tôt, afin d’avoir terminé avant l’heure potentielle de dégradation météorologique.
Aujourd’hui, notre journée commence donc avec un lever à 5h00. Laissez-moi vous dire qu’entre le concert de ronflements et les tremblements de terre occasionnés par ceux se levant la nuit pour aller aux toilettes, je n’ai pas beaucoup dormi. C’est donc très fatiguée que je m’attaque à cette journée de marche.
Déjà le matin, nous comprenons que la journée sera exigeante physiquement. Belledonne, c’est un enchaînement de montées techniques sur des pierriers. Nous aurons deux cols à gravir aujourd’hui. Après 2 heures d’efforts, nous parvenons en haut du Col de la Vache après une montée assez… vache. Ma foi, elle était bien raide celle-là!
Nous continuons notre chemin, puis vers 12h00, nous croisons en sens inverse, Éloïse, une HexaTrekeuse avec qui Hugo avait marché quelques centaines de kilomètres dans l’étape 1. Ce sont de joyeuses retrouvailles après plus d’un mois. Pendant qu’ils discutent, je décide de continuer pour ne pas être trop stressée par les orages qui doivent arriver en fin d’après-midi.
La deuxième partie est un peu moins intéressante avec des passages techniques sur des pierriers raides. La brume empêche de voir les montagnes avoisinantes et accentue l’ambiance inquiétante. Je passe rapidement par le passage de la Brèche de la Roche fendue (alors là, il est long ce nom), puis par le Col de la mine de Fer. Rapidement, il ne reste plus qu’une descente de 2 kilomètres vers le refuge Jean Collet.
Ce refuge est de loin la plus belle surprise de la journée en raison de son emplacement parfait en surplomb de la ville de Grenoble. Au loin, on peut apercevoir la Chartreuse ainsi que le Vercors, prochaine étape de cet HexaTrek.
Il est seulement 14h00. Nous pourrions continuer plus loin, mais les prochains kilomètres sont une ascension d’un troisième Col très raide, et Hugo et moi nous sentons assez fatigués. Nous posons nos tentes à proximité du refuge et nous nous reposons le restant de la journée. Nous faisons la rencontre de deux autres randonneurs avec qui nous partageons un repas. Le soir, nous assistons à un magnifique coucher de soleil pour clore une journée qui bien que courte, a été très difficile physiquement!
Jour 92: Au revoir Belledonne, bonjour Grenoble!
Les deux derniers jours dans Belledonne nous ont un peu laissé sur notre faim en termes de paysages (bon, il faut dire qu’on revient des Écrins qui étaient hallucinants). Depuis avant-hier, nous avons l’impression de souffrir beaucoup pour peu de récompenses.
Heureusement, la journée d’aujourd’hui s’annonce très belle avec le passage de nombreux lacs à proximité du sentier. Avant de pouvoir admirer ces étendues d’eau, nous avons toutefois encore une bonne montée jusqu’au Col de la Sitre. Nous partons encore très tôt (à 6h30), car il annonce des orages en après-midi pour la quatrième journée consécutive. Ces trois derniers jours, nous avons vu les nuages se charger et devenir menaçants sans toutefois exploser. La nuit, nous avons même pu voir de nombreux éclairs de chaleur sous un ciel parfaitement dégagé. Avec l’humidité qui règne aujourd’hui, on s’attend à ce que cette fois ce soit la bonne pour la tempête. Notre plan de la journée est de se rendre jusqu’à Le Recoin, puis prendre le bus jusqu’à Grenoble qui est à l’extérieur du tracé afin d’y prendre quelques jours de repos.
Ayant fait une petite journée la veille, avec nos jambes fraîchement reposées, nous ne tardons pas à atteindre le sommet du Col de la Sitre.
Puis, nous entamons notre descente vers le magnifique Lac du Crozet où un heureux randonneur a choisi le spot idéal de bivouac.
Après une dernière montée (youpiii), nous posons notre sac-à-dos le temps d’une pause au refuge de la Pra. Une bonne crêpe au nutella plus tard, c’est reparti vers la dernière partie de la journée qui nous mène successivement vers les lacs Claret, Longet, Lémea, puis finalement, Robert.
Nous arrivons aux lacs Robert vers 13h00. Nous prenons une bonne collation, puis ne tardons pas trop à continuer vers Le Recoin. L’orage doit frapper vers 16h00. Encore 2 heures d’efforts, puis nous arrivons à destination. En attendant le bus nous qui nous mènera à Grenoble, je me réserve une nuit dans une auberge de jeunesse. Les Écrins combinés à Belledonne m’ont bien brisé physiquement, et je ressens le besoin de me reposer un peu avant d’entamer le Vercors.
Hugo quant à lui retourne pour quelques journées, chez lui, à proximité de Grenoble. Nous convenons de nous retrouver le soir afin de célébrer la fin de Belledonne autour d’un bon burger.
Ça ne fait même pas 30 minutes que je suis arrivée dans l’auberge de jeunesse que les éclairs tombent à profusion sur l’entièreté de la ville. Ouf ! On s’est mis à l’abri à temps!
Le soir, je rejoins Hugo et son ami en ville et nous mangeons de la bonne nourriture bien grasse, dont un plat s’apparantant à une bonne poutine québécoise (oh que j’en rêve!)
Demain, je commencerai à planifier mes prochains jours dans le Vercors. Ce soir, je suis bien trop fatiguée pour me préoccuper des journées à venir, surtout qu’elles s’annoncent assez compliquées. Pour le moment, la température ne s’annonce pas trop clémente…