Jour 125 à 150: l’arrivée

Déjà plus de six mois qui se sont écoulés depuis mon arrivée, à Hendaye, au terme de ces 3000 kilomètres parcourus sur l’Hexatrek. Il y a quelques semaines, j’ai réalisé que je n’avais jamais pris le temps de coucher sur papier, le dernier mois de cette aventure inoubliable.

Alors que depuis le début de ma randonnée, je passais près d’une heure à écrire mes récits d’aventures chaque soir, j’ai senti, durant la dernière ligne droite, le besoin de me reposer davantage et de profiter du moment présent. Malgré l’absence de publications sur mon blog, ma grande traversée a bien continué jusqu’à l’océan, atteint le 27 octobre, au terme de 150 jours de randonnée.

Petit résumé de ce dernier mois sur le sentier.

Fin de l’étape 5

La fin de l’étape 5 fut ponctuée de paysages grandioses, de premières expériences d’ascensions de sommets à plus de 3000 mètres et d’un émerveillement continu face au sentier de la Haute Route des Pyrénées. Cette variante, que je recommande à quiconque traversera la France, fut mon plus grand coup de cœur sur l’Hexatrek en entier.

HRP, étape 5
HRP, étape 5
Fin de l’étape 5!

En arrivant à la fin de l’étape 5, j’ai rapidement réalisé qu’il ne restait plus qu’une étape à cet HexaTrek! Plus qu’une ligne droite (enfin, pas si droite) de 400 kilomètres. Alors qu’au tout début du trek, cette distance me paraissait énorme, à la fin, j’avais l’impression que la ligne d’arrivée se rapprochait à vitesse éclair.

L’étape 6

Bien que cette étape finissait à l’océan, il restait encore de nombreuses montées à avaler, les plus hautes montagnes se trouvant dans ce segment. Je suis passée par le plus de variantes possibles, essayant d’emmagasiner le plus de souvenirs de cette aventure. Je savais que la dernière centaine de kilomètres passait par des sentiers à très basse altitude, donc je voulais profiter au maximum avant de redescendre vers le Pays Basque.

Le pic du Taillon
La Brèche de Roland
Un peu avant le pic du Taillon 
Lever de soleil au Petit Vignemale

En raison des restants de météo capricieuse d’un ouragan, nous avons dû changer notre itinéraire à un moment et couper une centaine de kilomètres du vrai sentier. Il faut voir le côté positif de cette mésaventure, j’ai maintenant une raison de plus pour revenir en France dans les années à venir, pour finir cette section!

Après un mois de marche avec Alex, nous nous sommes dit au revoir, ce dernier devant retourner en Angleterre. J’ai alors continué les 200 kilomètres restants avec mes amis Guillaume et Hugo, que j’avais rencontrés sur l’étape 1! Tu parles d’une belle coïncidence, de se retrouver 3 mois plus tard, pour la dernière ligne droite!

Après avoir expérimenté des températures peu clémentes dans les dernières semaines, nous avons eu un grand plaisir à retrouver une météo plus douce dans le Pays basque.

Puis, pas par pas, il ne resta bientôt plus qu’une seule semaine de marche.

Entrée dans le Pays basque
Magnifique lever de soleil, deux jours avant mon arrivée
Le dernier matin sur le sentier

La particularité d’une longue randonnée de plusieurs mois comparativement à une marche d’une journée ou de quelques jours, c’est l’immersion dans le présent, l’immersion dans le maintenant. Pourquoi penser à hier ou à demain puisqu’ils seront composés de la même routine qui se déroule là, maintenant devant tes yeux? Hier, tu as marché, aujourd’hui tu marches, demain tu marcheras, c’est aussi aussi simple que cela. Cinq mois c’est long, ton cerveau ne se projette pas tout de suite dans le futur, où la ligne d’arrivée t’attend. Sauf peut-être la dernière semaine. La dernière semaine, c’est apprivoiser l’idée que ce que tu as commencé a bel et bien une fin, apprivoiser l’idée que bientôt tu devras retourner dans la civilisation, apprivoiser que tu ne seras peut être plus aussi émerveillé à la vue d’une source d’eau, d’une douche bien chaude, d’un tablette de chocolat ou d’un bon thé glacé à la pêche.

La dernière semaine fut une sorte de début de deuil du sentier, mélangée à l’excitation de l’approche imminente de l’arrivée.

J’ai passé la dernière soirée sur le sentier, en compagnie d’Hugo et de Guillaume, abrité dans un minuscule refuge, à la pluie battante. Au petit matin, nous étions prêts pour cette dernière journée. Nous sommes tous partis à des heures différentes, voulant profiter d’un dernier moment introspectif avant l’arrivée. Je suis partie la première, avec l’objectif d’avaler les 30 kilomètres restants avant le coucher du soleil. Nous avions un peu arrangé nos derniers jours de marche, afin de passer la dernière journée sous le soleil. Quoi de mieux qu’une arrivée idyllique sur la plage à Hendaye, avec un soleil couchant?

La dernière journée a été très forte en terme d’émotions. Lorsque je suis arrivée sur le sommet de la dernière colline, donnant une vue sur l’océan, à une dizaine de kilomètres de l’arrivée, je me suis mise à pleurer de joie, de fierté, de nostalgie. En m’étant blessée dès la deuxième journée de mon aventure, je ne m’étais pas permis d’avoir trop d’espoir sur la complétion du sentier. Et pourtant, j’y étais finalement à cette arrivée ! À ce moment mes deux tendons auraient pu lâcher, j’aurais fini en rampant. Après tout, il ne restait qu’une dizaine de kilomètres.

J’ai pleuré de joie presque toute l’entièreté du dernier kilomètre menant à la plage. Juste avant d’arriver, au dernier tournant, mon ami Hugo Lespagnol m’attendait assis sur un banc. Même si cela faisait trois jours qu’il était arrivé, il avait décidé de m’attendre pour célébrer notre HexaTrek, ensemble. Le voir à ce moment-là m’a tellement touchée que j’ai éclaté en sanglots. On a marché les derniers mètres ensemble, et tel que le voulait la tradition, j’ai couru toute habillée, me baigner dans l’océan. Ce moment était tellement précieux, avec un bonheur amplifié par la présence de mon ami.

Avec mon cher ami Hugo à l’arrivée
C’est fait ! Mon HexaTrek est complété!

Guillaume et Hugo n’ont pas tardé à arriver et bientôt, ce fut la célébration au champagne sur la plage. Chacun de nous vivait des émotions intenses, à cet instant.

Champagne avec Guillaume et les deux Hugo !

Moi, je regardais l’océan, comme j’avais regardé avec émotion, la boîte aux lettres à Wissembourg, marquant le départ de cette aventure. 

J’y étais, à cette arrivée, 150 jours plus tard. J’avais vécu la plus belle des aventures, en toute authenticité, en créant des liens qui me resteraient à jamais.

J’allais revenir la tête remplie de souvenirs et le cœur animé par un désir de repartir à l’aventure.

1 réflexion sur “Jour 125 à 150: l’arrivée”

  1. Hélène Mathieu

    Très beau texte et très touchant Charlotte xxx Bravo pour cet accomplissement incroyable. Tu nous a fait rêver et voyager à travers tes récits , merci 😊

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