Jour 109: parfois, attendre est la meilleure solution
Étant dans un Airbnb ce matin, et voyant que la journée sera pluvieuse, nous décidons de faire la grasse matinée. Si la météo avait été davantage clémente, nous serions partis pour l’ascension du Carlit, le plus haut sommet des Pyrénées-Orientales, un chemin alternatif sur l’Hexatrek. Plusieurs randonneurs nous ont fortement conseillés de passer par là. Nous décidons donc de faire une toute petite journée d’une dizaine de kilomètres, afin de se rendre jusqu’à l’auberge du Carlit et de bivouaquer dans les alentours.
Dans le Airbnb, nous nous offrons un bon brunch avec des œufs, du bacon et des bons fruits frais. Ça change des pains au chocolat commerciaux bien écrasés dans le fond de mon sac-à-dos. Vers 11h00, après avoir bien nettoyé notre humble demeure, nous quittons Super Bolquère, et nous mettons en route.
On évolue dans la brume et dans la pluie, ce qui rend le paysage assez banal. Quelques éclaircies nous permettent de voir de petits lacs, mais rien de plus. Nous avalons rapidement les kilomètres prévus de la journée, et arrivons en début d’après-midi à l’auberge.
Nous passons l’après-midi bien au chaud dans l’auberge où nous enchaînons les chocolats chauds, tout en se divertissant avec de la lecture et du rattrapage d’écriture (oupsi, j’ai pris beaucoup trop de retard).
Le soir venu, nous décidons de souper dans le restaurant, et mon père et moi prenons notre traditionnel magret de canard (si je manque d’argent à la fin de la randonné, vous saurez pourquoi). Suite au repas, nous allons installer nos tentes à l’aire de bivouac, située à une centaine de mètres de l’auberge. Installés tout proches d’un grand lac, nous risquons d’avoir beaucoup de condensation pendant la nuit !
Jour 110: l’ascension du Carlit et une rencontre inattendue
Le lendemain matin, nous disons au revoir à Robin et Valentine qui se rendront jusqu’à l’Hospitalet-prés-l’Andorre. Puisque mon père a jusqu’au 21 Septembre pour marcher avant de devoir retourner à Toulouse, nous ne sommes pas pressés et pouvons faire de plus petites journées. Dès 8h00, ils sont prêts à partir, alors que mon père et moi prenons notre temps. Nous leur souhaitons bonne chance dans leur continuation.
Vers 9h00, mon père et moi décollons de notre camping après avoir rangé nos tentes trempées par l’humidité de la nuit. Il a fait extrêmement froid cette nuit, avec un ressenti de -1 degré. L’été semble déjà bien loin derrière nous avec ces températures hivernales qui s’installent.
Le sentier que nous empruntons aujourd’hui est magnifique dès les premiers kilomètres. Nous enchaînons les pas parmi de magnifiques lacs. Rapidement, nous arrivons devant le début de la montée vers le Carlit qui semble assez raide. Le début se fait très bien, mais les dernières centaines de mètres s’apparentent davantage à de l’escalade. C’est un premier gros passage technique pour mon père avec un aussi gros sac-à-dos, mais tout se passe très bien. Arrivée en haut du col, on se félicite tous les deux, et nous posons nos sacs pour gravir les derniers 200 mètres menant au sommet.
Quelques mètres après avoir commencé la montée finale, j’aperçois au loin des visages familiers. Je reconnais deux allemands que j’avais croisé deux mois auparavant sur l’étape 4! Je ne pensais pas les revoir puisque suite à cette étape, j’étais retourné faire l’étape 2 et 3. Mais comme ils avancent à un plus petit rythme, nous revoici réunis! On convient de se retrouver le soir au refuge des Bésines.
Après leur avoir dit au revoir, mon papa et moi, continuons la dernière ascension menant au sommet. Après quelques minutes, nous arrivons enfin et contemplons l’incroyable vue panoramique qui s’offre à nous. C’est un premier passage technique réussi pour mon père et je suis très fière de lui. Avec l’immense sac-à-dos qu’il porte, c’est loin d’être facile!
Suite à cette ascension, vient une descente extrêmement raide. Quand je dis extrêmement raide, je veux dire qu’en 1 kilomètre de distance, nous perdons 400 mètres d’altitude. Nous évoluons sur des petites roches glissantes qui dévalent la pente sous notre poids. Il faut faire attention de ne pas envoyer valser ces pierres sur les randonneurs qui montent vers le sommet (en vrai, bien contente de faire cette partie en descente et non pas en montée, comme ces dizaines de courageux que je vois).
Suite à la descente, nous continuons notre progression du Lac de Lanoux, le plus grand lac de la chaîne des Pyrénées françaises. Le ciel se couvre de plus en plus, mais heureusement après mes 10 0000 vérifications de météo sur mon GarminInReach, aucun orage de prévu. Comme vous commencez à bien me connaître à travers mes récits d’aventure, vous aurez déjà deviné que les prévisions météorologiques ne suffisent pas à me calmer entièrement lorsque le ciel est gris.
L’adrénaline part, et je commence à foncer vers le dernier col afin de le redescendre au plus vite. Mon père remarque bien assez vite mon changement de rythme assez extrême, et il devient témoin d’une Charlotte assez stressée.
En très peu de temps, nous parvenons au sommet du col. À cet endroit, nous croisons deux randonneurs, dont l’un remarque mon étiquette HexaTrek, accrochée à mon sac-à-dos. Pendant quelques instants je deviens le Daniel Radcliffe de la montagne, on veut prendre une photo avec moi. Ça me fait bien rigoler, mais je me prête au jeu. C’est la deuxième fois en deux mois que des gens veulent me prendre en photo parce que je fais le sentier. Une fois la séance photographique terminée, mon père et moi reprenons le chemin
Après quelques kilomètres de descente, nous arrivons au Refuge des Bésines, lieu où nous bivouaquerons ce soir. Ça ne fait même pas 20 minutes que nous sommes arrivés que nous apercevons au loin une trentaine de randonneurs se dirigeant vers le refuge. Les randonneurs déjà présents échangent des regards (du genre, merde le dortoir va être bien rempli cette nuit) et l’un d’eux échappe à voix haute un : » j’espère qu’ils seront en bivouac » (là je pense que tu as un peu trop d’espoir). Je suis secrètement bien contente de dormir dans ma tente ce soir, à l’abri des ronflements (à condition de poser ma tente à plusieurs mètres de celle de mon père qui ronfle à en faire réveiller un malentendant).
Environ 1 heure plus tard, le groupe d’Allemands, croisé au sommet du Carlit, arrive au refuge. Frigorifiés, ils ne tardent pas à se commander un bon chocolat chaud, et je m’empresse d’imiter leur bonne idée. La température a en effet beaucoup chutée, mais l’éclairage est splendide.
Vers 19h30, je vois arriver au loin, deux autres randonneurs. Il ne me tarde pas de reconnaître mon ami Hugo! « Hugoooooooooooo », je hurle (la subtilité n’est pas toujours mon fort). La dernière fois que nous nous sommes vus remonte à Carcassonne, il y a environ 2 semaines. C’est donc un beau moment de pouvoir se revoir. Je rencontre également Simon, un autre HexaTrekeur qui marche avec Hugo depuis plusieurs jours.
La température extérieure n’étant plus du tout opportune pour y casser la croûte, les gardiens du refuge nous laissent cuisiner à l’intérieur. L’un des guides du grand groupe de randonneurs (groupe de personnes qui s’avère être une classe d’étudiants en écologie) s’installe sur une chaise, sa guitare à la main, et bientôt, résonne dans toute la pièce de la musique chaleureuse. Vers 21h00, après ce petit spectacle inattendu, nous bravons le froid et retournons dans nos abris de toile respectifs.
Jour 111: premier trek accompli pour papa!
Le lendemain matin, il ne reste plus qu’une dizaine de kilomètres à parcourir pour arriver à l’Hospitalet-prés-l’Andorre, lieu où mon papa complètera sa toute première longue randonnée. Nous marchons avec Hugo et Simon, et quelques heures plus tard, nous apercevons la magnifique (sarcasme) ville (ou agglomération de bâtiments ternes) en question. Je félicite mon papa pour son accomplissement. Ça été génial de pouvoir passer une semaine père/fille tout en faisant une incroyable traversée dans les Pyrénées.
Nous dépassons l’épicerie ,où le gérant nous déconseille de venir y faire le plein (apparemment, il ne reste plus que quelques tranches de pain et des barres tendres, vive la fin de saison), et nous nous arrêtons dans la seule petite boulangerie ouverte. Heureusement, leurs pizzas artisanales sont délicieuses et nous les savourons jusqu’à la dernière miette.
Après notre repas, nous prenons tous ensemble le train, mais vers des directions différents. Puisque nous sommes le 20 septembre, et que mes parents repartiront de Toulouse le 23, j’ai encore quelques jours pour profiter de leur compagnie. Mes parents ont loué un Airbnb à partir du 21 septembre, donc mon père et moi décidons de passer notre dernière nuit dans la ville de Foix.
Nous réservons un Airbnb décrivant un studio avec deux chambres, mais lorsque nous arrivons, nous constatons que la description était erronée et qu’il n’y a qu’un lit. Heureusement, le propriétaire accepte de nous rembourser, et nous finissons la soirée dans un petit camping à quelques dizaines de minutes de la ville. Nous dormons dans un magnifique petit chalet.
Jour 112: en route vers Toulouse!
Le lendemain matin, après un bon brunch, nous allons visiter le château de Foix.
Suite à la visite, nous prenons le train en direction de Toulouse. Une fois arrivée, je m’empresse de me diriger à l’autre bout de la ville, car j’ai rendez-vous avec un ostéopathe pour mes tendons d’Achille. La visite me laisse sur ma faim, car il ne fait quasiment aucune manipulation. Franchement, payer 60 euros pour 10 minutes de manipulation, c’est un peu du vol. Mais bon. C’est difficile de savoir si le service sera bon sans connaître la personne. Un coup de dés.
Suite à ce rendez-vous, je m’empresse de me diriger vers le magasin Décathlon. Les températures ayant beaucoup chuté ces derniers jours, j’achète un duvet supplémentaire ainsi que des surmitaines imperméables. Suite à mes achats, je rencontre la très aimable Aurore, qui a accepté de garder mes colis de matériel dont je n’avais plus besoin chez elle. Elle a sauvé mes tendons d’Achille avec tout ce poids en moins! On prend un café ensemble et on jase de l’Hexatrek qu’elle souhaite faire dans les années à venir. Je l’encourage fortement à se lancer dans une si belle aventure.
En début de soirée, je me dirige finalement vers le Airbnb, où je retrouve ma maman que je n’avais pas vu depuis une semaine, ainsi que mon papa.
Jour 113: le retour d’Alex et préparation pour la HRP
Le lendemain matin, j’en profite pour visiter un peu Toulouse avec mes parents. Puis, vient le temps de m’occuper du ravitaillement pour la prochaine partie du sentier. Pour le prochain mois, j’aurai la chance de marcher à nouveau avec Alex, avec qui j’ai déjà marché deux mois sur l’étape 1 et 4.
Ce ravitaillement est particulier puisque nous n’aurons pas accès à d’épicerie pendant plus de 150 kilomètres. Nous devons donc prendre avec nous l’équivalent de 6 journées de nourriture. Le sac sera énorme.
En fin d’après-midi, je vais à la rencontre d’Alex. Ça fait déjà deux mois que je ne l’ai pas vu et je suis super heureuse de retrouver mon ami. Les amitiés qui se forgent sur le sentier sont très fortes car nous vivons un ensemble de péripéties et d’aventures. On voit ses partenaires de sentiers sous toutes les coutures, que ce soit dans les moments de joie ou dans les moments plus difficiles. Ces liens me rappellent ceux que j’ai tissés avec mes coéquipiers et coéquipières de natation avec qui je m’entraînais tous les jours. On se voyait sous nos beaux et moins beaux jours, on souffrait ensemble, on vivait en équipe des hauts moments de bonheur.
Les retrouvailles avec Alex sont remplies de joie, mais comme il arrive en soirée, nous restons seulement ensemble une heure, puisque mes parents repartent demain. Je veux profiter de cette dernière soirée avec mes parents puisque je ne les verrai pas pour les prochains mois.
Avec mes parents, on passe donc ensemble une dernière belle soirée en France ensemble. Demain, ce sera l’heure des aux revoirs, et ce sera parti pour la HRP!
Bravo à Louis, ton papa.
Quelle belle complicité entre vous. Et quel exploit pour le récent «soixantenaire ».
Avec Hélène à Toulouse, vous voilà réunis. Vous êtes beaux à voir tous les trois.
Bonne continuation, chère Charlotte.