21 juin : jour de repos bien mérité !
Qui dit Thann, dit première « vraie » journée de repos! Mes autres journées de pause étaient davantage dû à ma blessure au tendon, mais cette fois, c’est mon corps tout entier qui réclame une journée d’arrêt.
Nous décidons de prendre un tramway en direction de Cernay puisque ce village possède un camping, contrairement à Thann, où il faut débourser un somme plus importante pour avoir accès à un hôtel ou une auberge.
À quoi ressemble une journée de repos? On peut croire que c’est simplement un jour de paresse, où on passe la journée couché sur notre matelas à contempler le ciel et les nuages. Et bien non! Les pauses servent à laver les vêtements (et se laver aussi, il fait dire qu’après quelques jours dans les sentiers on épouse la forte odeur du randonneur), aller faire une épicerie, organiser les prochains jours, écrire, etc. Cela peut occuper un très grande partie de la journée.
Étant au camping pour deux jours, on s’offre quelques petites récompenses culinaires telles qu’une pizzas, des micro burgers et beaucoup beaucoup de fruits et légumes.
Alex se rend également au centre ville afin d’acheter une nouvelle paire de souliers, sa paire étant une taille trop petite, ce qui lui cause de multiples ampoules depuis le début. Il opte finalement pour exactement les mêmes souliers que moi!
22 juin: le défi d’Alex
Depuis quelques jours, Alex me parle d’un défi qu’il s’est lancé, soit de randonner un 100 kilomètres dans une plage de 24 heures. Par le passé, il a déjà effectué une distance de 60 kilomètres, donc pourquoi ne pas ajouter un « petit » 40 kilomètres à tout ça ! Au petit matin, on regarde le tracé de la carte et on arrive à la conclusion que demain serait la journée idéale pour faire une tentative puisque le dénivelé est moins important que sur les autres sections du sentier. On convient donc de faire une plus petite distance dans la journée afin qu’il puisse entamer son défi en étant assez reposé. De toute façon, la journée est brumeuse et pluvieuse (pour faire changement) alors les paysages sont plongés dans la brume.
Nous marchons donc un 24 kilomètres vers un petit refuge indiqué sur le sentier. N’étant pas totalement satisfait de l’endroit, nous y restons une heure, le temps que Sandra nous rattrape, pour lui dire bonjour, et nous continuer vers un joli petit sommet afin de pouvoir admirer la vue. La journée se termine sur un traditionnel petit thé qui nous réchauffe le coeur.
23 juin : Arrivée à Belfort
Vers 9h00, je dis au revoir à Alex, qui entame sa tentative de 100 kilomètres. Débute une longue journée de marche plus ou moins intéressante en direction de Belfort. On sent qu’on s’éloigne des Vosges et de ses magnifiques paysages et qu’on approche dans une zone plus densément peuplée.
Vers 16h, j’ai déjà marché une trentaine de kilomètres. Je reçois une photo de frites (gracieuseté d’Alex) et j’en ai l’eau à la bouche. Il me spécifie qu’il les as acheté dans un petit village, Bas-Sevenne qui accueille un festival techno. Me voilà donc, une heure plus tard et des frites à la main (le plus important), entrain d’écouter un groupe de musique dans une ambiance à la fête.
Vers 18h, Alex me texte en me disant qu’il vient de croiser un Hugo sur le sentier qui apparement me connait bien. Pendant un instant, je pense qu’il s’agit de mon ami rencontré dès les premières journées du sentier. Très enthousiaste, je lui écris Illico pour lui dire que je suis à peine quelques kilomètres derrière. Il me répond, que malheureusement ce nest pas lui et qu’il doit encore prendre une semaine de repos pour soigner son tibia blessé.
Viens ainsi la fameuse question: « mais qui est l’autre Hugo alors? » De la façon dont Alex m’en a parlé, je suis censé le connaître et déjà lui avoir parlé. Mais le mémoire ne me revient pas. Maintenant, je me sens un peu coupable de ne pas m’en souvenir. Peut être que ça reviendra. Alex me dit que ce Hugo doit dormir au Camping de Belfort ce soir.
Vers 19h00, Alex m’informe qu’il a passé le 50 kilomètres et qu’il se sent très confiant pour la suite du sentier.
J’arrive au Camping de Belfort passé 21h00 et après avoir payé un bon 14 euros (aouch!), je me dirige vers la zone des tentes. En voyant une tente de randonneur, je dit « Hugoooo, allô! ». Aucune réponse. Je retente le coup et un randonneur sort la tête de son abris et me dit « moi c’est Thierry, pas Hugo ». Oups, la gêne!
Je m’installe tranquillement, mais vers 23h00, je reçois un texto d’Alex qui me dit se sentir extrêmement mal, avec des nausées, des frissons, des troubles de vision et un mal de tête. Son corps a lâché après 65 kilomètres. Il me dit qu’il va prendre une pause de quelques heures, et vers minuit, je me couche peu rassurée. Je me réveille dans la nuit vers 5 heures et en regardant mes messages, j’en vois un d’Alex qui me dit que les quelques heures de sommeil prises lui ont fait grand bien et qu’au final il a continué à marcher jusqu’au kilomètres 80. Un bon 80 kilomètres en 24 heures c’est impressionnant! Rassurée, je replonge dans le sommeil.
24 juin: le retour d’Édouard !
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous à la Cathédrale de Belfort, avec Édouard, que je n’ai pas vu depuis Saverne. Depuis quelques jours, je lui écris pour lui faire part de ma progression afin qu’il vienne me rejoindre. Âgé seulement de 19 ans, l’Hexatrek est pour lui un défi de taille qu’il réalise avec brio. Mis à part un 2 jours de randonnée effectué auparavant, il n’a pas d’expérience en longue expédition. Je suis vraiment contente de le retrouver et nous entamons les deux pires journées du sentier depuis le début.
Pourquoi les deux pires ? En deux mots: droit et plat. Aujourd’hui, nous avons le droit à une marche longeant les villes sur un canal de 15 kilomètres en ligne droite. Pas de dénivelé, que de la route bétonnée. Pour les pieds, c’est une horreur. En plus, il fait un soleil cuisant (oui oui, je ne me plaint pas du soleil, mais pourquoi il pointe son nez pour la journée sans paysage!) Les ampoules de la veille arrachent des petits cris de douleur à chaque pas. J’ai l’impression de me faire piquer par une abeille à chaque pas. Pour oublier la douleur, Édouard et moi décidons de faire un Karaoké. Pendant 2 heures on se même à chanter à pleins poumons des chansons françaises faisant bien rire les passants.
En se dirigeant vers un point d’eau potable indiqué par l’application mobile du sentier, nous avons le bonheur de tomber sur une plage municipale où nous profiter d’une petite pause baignade bien méritée.
En soirée, nous trouvons un petit emplacement plat pour bivouaquer. À 19h30, mon alarme à tiques qui sonne à chaque 24 heures se fait entendre. C’est le temps de vérifier si une de ses bibittes peu attirantes qui peuvent transmettre la maladie de Lyme s’est accroché à mon corps. Ça fait déjà presque trois semaines de randonnée et jamais je n’en ai eu sur moi, au point que je fais maintenant la vérification un peu à la blague. Sauf que ce soir, qu’est-ce que je trouve accroché à côté de mon aiselle? Une tique format miniature. Cest la première fois que ça m’arrive dans ma vie. Montée de stress: « Édouard woahhhhhhhh j’ai une tique sur moi au secours enlève moi ça » (j’ai à peu près l’air de ça, j’en conviens réaction un peu exagérée). Édouard m’enlève la tique calmement avec sa pince et me rassure. Ça va, elle est là depuis à peine quelques heures.
Sur cette petite anectode, la journée se termine et laisse place à la nuit. En passant bonne fête du Québec !
25 juin: du plat encore !
Aujourd’hui, dernière journée plate de plat ! Alex a pris une journée de repos plus loin et nous attends au camping de Saint Hypolite. Nous amorçons notre journée dans un petit sentier boisé, et très vite, nous atteignons un village. Qui dit village dit café! C’est la tradition, la petite récompense de la journée. Il n’y a qu’une boulangerie ouverte, et malheureusement elle n’offre pas de café. Nous nous apprêtons à partir lorsqu’une femme nous propose de venir prendre le café chez elle. Nous acceptons avec plaisir et c’est ainsi que nous rencontrons officiellement Denise. Son mari est malheureusement décédé il y a quatre ans de cela, et après 50 ans de mariage avec lui, son départ laissé un grand vide dans la maison. Depuis peu, elle souffre également d’un début d’Alzhaimer, ce qui lui complique la vie. Denise est enchantée d’avoir un peu de compagnie le matin, et nous mentionne que notre visite sera le soleil de la journée. Nous lui répondons que sa rencontre sera le nôtre. Elle nous conseille de profiter de notre jeunesse, de la vie, parce que ces dernières passent beaucoup trop vites et que nous ne sommes jamais à l’abris des intempéries. Après une heure passée chez elle, nous reprenons la route.
En après-midi, le soleil tape encore très fort pour une deuxième journée consécutive (miracle?) et rapidement nous venons à court d’eau. Nous demandons à des personnes dans leur jardin si nous pouvons remplir nos bouteilles, et ils nous invitent à se poser quelques minutes à leur table. Après quelques minutes, je vois surgir des bois un randonneur d’environ mon âge. Est-ce que ce serait le fameux Hugo cette fois? Je crie: « Hugo, c’est toi? «
Cette fois c’est la bonne ! Il me répond par l’affirmative, et se joint à nous. Il me raconte qu’il me connaît simplement en raison de mes messages sur le Discord et par mes publications sur Instagram. Ok fiou! Je suis rassurée, je ne l’avais pas oublié, je ne l’avais simplement pas encore rencontré.
On reprend notre marche vers Saint Hypolite et rapidement, nous rejoignons Alex au Camping avec l’idée de faire un apéro pour célébrer la fin de la route bétonnée et du plat (à ce point, n’importe quelle occasion est bonne pour faire un apéro). Nous allons tous ensemble se baigner dans la rivière du Doubs qui longe le camping, puis nous passons la soirée à bavarder et jouer aux échecs jusqu’à une heure avancée de la nuit. Le réveil sera un peu dur demain matin…
26 & 27 juin: les Gorges du Doubs
S’entamme sur deux journées la traversée des Gorges du Doubs. Marcher le long de la rivière est un expérience extrêmement différente des deux derniers jours. L’endroit est paisible, les arbres sont couverts de mousse et on entend le bruit de la rivière toute la journée.
Le soir, nous trouvons un joli bivouac muni d’une table, de bois fraîchement coupé et d’un petit jardin, le tout, a côté du cours d’eau. Alex, Hugo, Édouard et moi plantons nos tentes et décidons de faire un petit feu de camps pour la soirée.
Le lendemain, nous reprenons la route avec l’idée en tête de faire un trentaine de kilomètres. Vers la fin de la journée, Édouard est à quelques kilomètres devant et Alex et moi marchons ensemble. Étant à court d’eau (oui encore, je sais), nous sonons à la porte d’une petite maison de campagne et demandons au propriétaire, Jacky, si nous pouvons remplir nos bouteilles d’eau.
Avec une grande générosité, ce dernier nous offre également une bière que nous acceptons avec plaisir. Une minute plus tard, il nous offre carrément de partager le dîner avec lui et de rester sur son terrain pour la nuit! Nous lui disons que nous avons convenus de rejoindre notre ami Édouard. Il nous propose alors de l’inviter également! Nous appelons Édouard qui accepte de faire demi tour.
Une fois Édouard arrivé, Jacky nous regarde et nous dit: « bon, ce n’est pas que je ne vous aime pas, mais vous puez beaucoup! Vous allez prendre une douche ». Douche ? Il a dit douche? Ouiiiii. Je lui demande où se trouve la douche, et en riant il me pointe une cascade d’eau gelée un peu plus loin. Bon, d’accord. Après tout pourquoi pas ! Il nous tend des services propres et du shampoing et nous allons vers la cascade. C’est froid…en tabarnak ! Mais ça fait vraiment du bien.
Jacky nous attend dans le jardin, une bouteille de Pinot gris dans les mains. Après un verre, ma tête commence déjà à tourner (il faut dire que je suis fatiguée). Puis, pour souper il nous sert des pâtes et une sauce bolognaise maison, de la salade, du fromage, un dessert et un bon vin rouge italien ! Tu parles d’un homme au grand coeur. Par la suite, il nous offre même de s’installer à l’intérieur pour la nuit dans le sous-sol où des lits de camps sont disponibles.
On finit par aller se coucher vers minuit, le ventre rempli et la tête un peu tournante.
Allô Charlotte,
Alors je vois que tout se passe assez bien a part la pluie et le brouillard. Tant mieux! Et vive Jacky! Très le fun ton site. J’y reviendrai sûrement.
Je viens juste de raccrocher avec le sexagénaire. Difficile d’imaginer que mon petit frère a soixante ans aujourd’hui!
Je t’embrasse ma belle intrépide.
À bientôt