Jour 28: la fin des Gorges du Doubs et entrée en Suisse !
Suite à notre nuit chez Jacky, et après un petit déjeuner offert par notre hôte, nous reprenons notre chemin sur le sentier, afin de profiter des derniers kilomètres longeants les Gorges du Doubs. La vue y est magnifique, et le soleil est au rendez-vous !
Après une dizaine de kilomètres, nous arrivons à l’intersection marquant la séparation entre le Jura suisse et celui français. William, le co-fondateur de l’Hexatrek nous a fortement conseillé la variante suisse, alors nous optons pour cette dernière.
Ayant commencé tard (beaucoup trop tard) en raison de la petite veillée chez Jacky, nous marchons seulement une quinzaine de kilomètres. Cela nous mène à un petit camping à quelques heures de l’intersection. 22 francs suisses la nuit, bienvenue en Suisse!
Peu après notre arrivée au camping, nous voyons trois randonneurs arriver à l’accueil. Leurs sacs sont minuscules ce qui me fait penser qu’ils font des marches d’une journée. C’est là que je me trompe fortement. Hugo qui se trouve également à l’accueil à ce moment, revient vers nous, et nous dit: « vous voyez les randonneurs américains juste là ? Ils ont dans la soixantaine, ils marchent plus de 35 kilomètres par jour depuis le début du sentier, et ils randonnent plus de 1000 « miles » par année ensemble. Woah! Je suis admirative. Nous entamons la conversation avec eux lors du souper, et ils nous mentionnent avoir complété entre autres, la Pacific Crest Trail (PCT) et l’Appalachian Trail, avec leurs sacs qui ne pèsent que 6kg !
Après un bon petit souper, c’est le temps d’organiser les journées à venir. Étant en Suisse, la réglementation de bivouac est beaucoup plus stricte. À plusieurs endroits dans les prochains jours, il sera interdit de poser la tente. Demain, nous avons le choix entre faire 15 km…ou 40 ! Bon, devinez lequel l’emporte 😉. Avec 40 kilomètres à faire, incluant la montée dans le Creux du Van (un bon 1500m de dénivelé positif, sans parler de celui négatif), nous décidons que le réveil le lendemain sera à 5h00. Nous avons pris la mauvaise habitude dans les derniers jours de commencer à marcher aux alentours de 10h00. Bon il est tard, je vais me coucher, bonne nuit !
Jour 29: 40 kilomètres dans les pieds et alerte orage!
5h00. Le réveil sonne. Pour ceux qui me connaissent bien, j’ai eu une carrière de 12 ans de natation au niveau national. À ce niveau et dans ce sport, plusieurs entraînements sont le matin de 6h00 à 8h00. Petit détail, je déteste royalement me lever aussi tôt pour aller à ma pratique. J’évite au maximum ces horaires matinaux.
Mais aujourd’hui, c’est différent. Je n’ai jamais marché une aussi grosse distance, et quand le réveil sonne, je ressens beaucoup d’excitation à l’approche de ce défi.
À 6h00, je commence à marcher dans un sentier baigné par une douce luminosité.
À 9h00, j’ai déjà parcouru une quinzaine de kilomètres! Ayant pris mon petit déjeuner à 5h00, je prends une première pause où je m’offre un bon bol de ramens (oui je sais il est 9h00, mais en randonnée, toutes les envies culinaires sont permises…) Alex et Édouard ne tardent pas à me dépasser. Alex s’arrête également le temps d’une pause, mais Édouard continue comme un guerrier bien déterminé (il ne prendra aucune pause jusqu’au kilomètre 25!)
Nous marchons une bonne partie de la journée avec les trois machines américaines, Pam, Suzan et Richard. Ils sont difficiles à suivre, et pendant la première partie de l’ascension vers le Creux du Van, j’ai le plaisir de pouvoir randonner avec Suzan. La montée se fait sous une chaleur intense et il est beaucoup plus motivant de marcher avec une autre randonneuse.
Après une pause pour un lunch où Alex achète un coca-cola à petit prix (5 francs, on adore la Suisse),nous repartons pour la deuxième partie de l’ascension qui comporte un 400m de dénivelé positif en à peine deux kilomètres (en d’autres termes, c’est raide pas à peu près).
Après deux heures de montée intense, de beaucoup de sueur et de quelques jurons (dus à mon très bon sens de l’orientation, j’ai dû me tromper de chemin trois fois), j’arrive finalement au sommet du Creux du Van.
Dès mon arrivée, je réalise qu’un bouquetin se prélasse tranquillement sur le sommet de la montagne. Je m’approche de lui à pas feutrés avec de prendre quelques clichés.
Nous ne restons pas trop longtemps au sommet puisqu’il annonce des orages dans les heures à venir et que le ciel se montre de plus en plus menaçant. Pas question de servir de paratonnerre humain lorsque les éclairs pointeront le bout de leur nez !
Ça fait déjà 33 kilomètres à seulement 14h00, et mon corps commence à protester. Des vacances relaxantes, quoi! Mais bon, il faut continuer jusqu’au refuge ! En plus, j’ai appris que Gala (avec laquelle j’échange depuis le début de l’aventure via Instagram) et Laurent (que j’ai rencontré à Niederbronn-des-bains) camperont à la même place que nous ! J’ai hâte de les voir!
Les 2 derniers kilomètres sont une vraie torture. J’ai envie de m’écrouler sur le sentier. Mes pieds hurlent. Vers 17h00, nous arrivons finalement au refuge…qui est magnifique ! Nous partageons un repas autour d’une table, puis nous allons nous coucher.
Vers 23h00, je suis réveillée par le tonnerre et les éclairs qui déchirent le ciel. Je saute hors de mon matelas de sol et je me précipite dans le refuge (oui, la bonne idée, j’avais décidé de dormir dans la tente, le refuge étant déjà bien rempli). Une fois à l’intérieur, je me sens rassurée et le restant de la nuit se déroule tranquillement.
Jour 30: dormir dans une grange et dire au revoir…pour une journée
Dès le début de la journée, Alex prend les devants et part seul. Édouard et moi n’avons pas encore de plan précis pour la journée. Étonnement, mes pieds réagissent très bien ce matin, malgré les 40 kilomètres parcourus hier.
Vers 10h00, nous rejoignons Alex dans un petit café. Il nous annonce vouloir continuer à son rythme pour un moment et que c’est le temps des aux revoirs. Ça fait déjà presque un mois que je marche avec lui, donc c’est un moment très difficile, surtout que je ne m’y attendais pas à ce que ce soit aujourd’hui. Nous lui disons au revoir, puis il repart.
Avec Édouard, nous regardons la météo, et nous voyons qu’il y a une petite possibilité d’éclaircissement pour le coucher de soleil ce soir au sommet d’une montagne (parce que oui, surprise, il pleut encore aujourd’hui!)
Vers 14h00, nous arrivons à proximité du chalet Grange-Neuve. Transis par le froid, nous décidons de s’y arrêter le temps d’un petit chocolat chaud, laissant une chance au soleil de ressortir (eh oui, nous espérons encore un coucher de soleil au sommet du Mont Suchet).
On remarque instantanément à quel point le personnel est sympathique et aimable. Édouard demande à la serveuse s’il est possible de poser notre tente au sommet du Mont Suchet. Celle-ci n’habitant pas dans la région, elle revient avec sa patronne. Cette dernière nous dit : « Vous pouvez poser votre tente sur mon terrain sans problème. Ou sinon vous pouvez également utiliser notre dortoir. » Je suis sur le point de refuser le dortoir car je tente d’économiser le plus possible, lorsqu’elle ajoute le mot « gratuitement ». Un peu confuse, je lui demande de répéter. Oui, j’ai bien entendu, elle a dit gratuitement. Elle nous explique que le dortoir est en fait un ancien dortoir militaire dans une grange et que plusieurs randonneurs y passent la nuit. Nous n’avons que 23 kilomètres parcourus dans la journée, mais notre décision est prise. Nous y passerons la nuit. De toute façon, les montagnes sont couvertes de brume et un coucher de soleil semble de plus en plus improbable.
La patronne nous montre le dortoir et rapidement nous sommes séduits par l’endroit. le confort y est incroyable! Peut être que c’est parce que je n’ai pas dormi dans un lit depuis des lustres , mais j’ai l’impression que les matelas sont en mousse-mémoire tellement je m’y sens bien.
Avec Édouard, nous regardons le tracé et la météo, et nous décidons de planifier une bonne journée de 36 kilomètres afin d’arriver en soirée au sommet du Mont Tendre. Nous espérons encore un lever de soleil au sommet du Mont Suchet, donc nous décidons de mettre l’alarme demain matin à 4h15!
Je suis exténuée, et je me mets au lit à 19h00, un nouveau record personnel. Alex me texte qu’il a marché un 40 kilomètres, pour une deuxième journée consécutive. Il est dans un camping pour la nuit à Vallorbe. Nous l’informons de nos plans du lendemain et il nous dit qu’il partira tard en matinée.
Jour 31: lever de brume
4h15, le réveil sonne. Étonnement, je me sens bien reposée, malgré ce lever aux aurores. Je mange un petit déjeuner rapidement, et vers 4h45 nous nous mettons en route avec ma lampe frontale bien vissée sur ma tête.
Bon, encore pas de chance, ce sera un lever de brume aujourd’hui et non un lever de soleil! L’expérience de marcher dans le noir et de voir tranquillement le jour se lever est néanmoins satisfaisante. Ce qui l’est également, c’est qu’à 8h00, nous avons déjà parcouru 16 kilomètres! Nous entrons à Vallorbe et cherchons un petit café où nous pourrons recharger nos batteries (dois-je vous spécifier que le panneau solaire n’est pas très utile depuis quelques jours ? ) et utiliser internet (les joies du forfait qui ne fonctionne pas en Suisse). Alex ne tarde pas à nous rejoindre (les aux revoirs auront été de courte durée finalement!) et nous lui parlons de note plan de bivouaquer au sommet du Mont Tendre pour y voir le coucher et lever du soleil (oui, oui, nous sommes des optimistes avec la météo).
À notre arrivée au sommet, il y a quelques petits éclaircissements, mais peu de temps après, c’est le retour de la brume… Et du froid. Du genre, 5 degrés pour un 30 juin… Génial! La buvette étant fermée, on soupe à l’extérieur sur la terrasse et on attend que la pluie cesse afin de s’installer pour notre bivouac.
Vers 21h00, on se remet en marche et nous posons notre tente à quelques centaines de mètres du sommet, de sorte à avoir une protection minimale pour le vent. Je règle mon alarme pour 5h30. Aurons-nous enfin de la chance avec le soleil demain matin ? À suivre 😉