Jour 65 et 66: bonjour Chamonix !
Je me réveille en sursaut. Le soleil est déjà bien levé. Oups, il est déjà 8 heures, j’ai oublié de mettre mon réveil matin. Bon, techniquement, en bivouac, la tente doit être enlevée avant 9h00, ce qui me laisse tout juste le temps d’opérer. Déjà, la plupart des randonneurs sont partis. Ma journée s’annonçant légère (ayant déjà fait le Tour du Mont Blanc l’année passée, j’ai décidé de redescendre directement aux Houches à partir du refuge de la Flégère ), je prends tout mon temps pour déjeuner. Vers 10h00, il ne reste qu’une poignée de personnes et j’en profite pour contempler les lieux qui hier étaient surpeuplés. Après quelques photos et un petit arrêt au Lac Blanc, je me dirige vers le refuge de la Flégère où j’ai bivouaqué l’année passée en compagnie de mes amis du Tour du Mont Blanc. C’est assez drôle d’y repasser, un an plus tard et ça me laisse une grande impression de déjà vu.
Attention les puristes, ne regardez pas les lignes qui suivent. Bon, je vous aurai averti! Ayant un peu mal au tibia droit depuis quelques jours, et comme je suis passée par le même chemin l’année passée, je décide d’épargner mes jambes et de m’acheter une passe de gondola pour la descente. Je dois avouer que ça fait du bien de se permettre un petit passe-droit. En quelques minutes, je suis en bas, à quelques kilomètres du Camping Mer de Glaces. Un nom pareil semble rimer avec prix élevés. Heureusement, Colin, Lauren et Scott, trois autres HexaTrekeurs vont camper à la même place ce soir, et nous pourrons nous séparer le prix d’un emplacement.
J’arrive au camping et je m’y fais accueuillir par Colin qui s’empresse de me présenter les lieux. J’ai rencontré Colin dans l’étape 4, et comme nous faisions le chemin en sens inverse, nous nous recroisons aujourd’hui dans l’étape 2. Depuis deux ans, Colin parcoure les longs sentiers de randonnée que ce soit aux États-Unis avec la Pacific Crest Trail ou en Nouvelle-Zélande avec la Te Araora. Avec son sac de six kilos, je me sens bien lourde avec mon sac qui en pèse le double.
Quelques heures plus tard, Lauren et Scott nous retrouve. Bien que nous soyons en contact via les réseaux sociaux depuis des semaines, c’est la première fois que nous nous rencontrons en personne ! Une fois tout le groupe bien lavé et reposé, nous prenons la direction de Chamonix afin de s’offrir des bonnes frites bien grasses et des bons hot dogs du délicieux restaurant « Cool Cats ». Nous rencontrons également un autre HexaTrekeur, Roel, qui se joint à nous pour le dîner. Ça fait du bien de manger autre chose que des pâtes de temps en temps ! Ce repas me fait penser aux bonnes poutines du Québec! Je m’offre également une délicieuse glace à la noix de coco (j’en salive encore) et vers 22h00, je retourne au camping. Demain, grasse matinée !
En effet, le lendemain, je me lève vers 10h30. Les journées de repos sont les jours où nous faisons la lessive, achetons du ravitaillement, rechargeons les batteries, écrivons, planifions, etc. Au final, on se repose de la montagne, mais nous ne restons pas complètement inertes. Entre la visite de la ville, les allers-retours à l’épicerie, on doit parcourir entre 5 et 10 kilomètres par jour. Ce n’est pas la définition même de repos! Mais bon, ça fait quand même énormément de bien !
En après-midi, ce sont Robin et Valentine qui nous rejoignent. J’avais rencontré Valentine à Saverne plus d’un mois auparavant, mais je n’avais pas encore eu l’opportunité de rencontrer Robin ! C’est chouette, on est rendu un grand groupe pour profiter de la belle, mais beaucoup trop peuplée, ville de Chamonix! Le soir, on s’offre tous ensemble un bon burger. On compte nos différentes anecdotes et péripéties, et on rigole bien. Le soir, on se fait même une compétition de stop. On se divise en deux équipes de trois, et on fait une course pour savoir quel groupe sera pris par une voiture en premier. Les trois gars n’ont aucune chance contre notre groupe de trois filles. Dès la première auto qui passe, nous sommes prises. Les gars arrivent au camping un bon 15 minutes après nous.
Demain après-midi, je repartirai en direction du Col du Tricot. Le matin ce sera encore du repos puisqu’il annonce des orages jusqu’en milieu d’après-midi.
Jour 67 et 68: reprendre le sentier du Tour du Mont Blanc
Après une deuxième grasse matinée (eh oui, j’adore !) , nous disons au revoir à Colin qui repart en sens inverse, vers le lac Léman. Je range mes affaires dans mon sac, contrairement à Lauren, Scott, Robin et Valentine qui décident de s’offrir une deuxième journée de repos. Pour ma part, je préfère avancer un peu même si ce n’est que d’une douzaine de kilomètres. Les deux prochaines journées de l’Hexatrek se superposent au tracé du Tour du Mont Blanc qui connait un pic d’achalandage monstre entre la mi-juillet et la mi-août. Afin d’éviter de marcher en file derrière des dizaines de personnes, et d’attendre que les orages prévus en milieu d’après-midi se terminent, je décide de décaler mes étapes par rapport aux étapes classiques du TMB.
Après un lunch à Chamonix et quelques heures passées dans un café, je dis au revoir à mes amis, et je me dirige vers le sentier. Ma journée de randonnée commence très tardivement, c’est-à-dire vers 17h00. De cette façon, je marche dans des sentiers quasi déserts et je ne croise que quelques personnes de temps à autre. Même si j’ai fait cette étape l’année passée, je suis heureuse d’y retourner, car cette fois le beau temps y est au rendez-vous. En effet, l’année passée j’avais fait l’étape des Houches vers les Contamines dans une brume proéminente. Cette fois, le paysage se dévoile à mes yeux et j’ai la chance de voir le Glacier de Bioannassay.
La montée vers le Col du Tricot s’effectue beaucoup plus vite que l’année passée. Il faut dire que maintenant, j’ai un bon 1200 kilomètres dans les jambes. En arrivant au sommet, j’entends un bruissement qui me fait sursauter. Je réaliser qu’un bouquetin se prélasse au sommet. J’en profite pour prendre quelques clichés, puis je redescends en direction des chalets du Miage, lieu où je bivouaquerai ce soir. En effet, une aire gratuite de camping sauvage est à la portée des randonneurs.
Le Tour du Mont Blanc étant très populaire, nous sommes plus d’une vingtaine de tentes dans ce lieu. Heureusement que le terrain est vaste. L’endroit est paisible, nous sommes entourés de montagne, je me sens sereine. Je mange en lisant un roman de David Foenkinos, puis je me couche vers 22h00.
Le lendemain matin, l’objectif de la journée est le refuge de la Croix du Bonhomme, afin de pouvoir profiter d’un coucher et lever du soleil du haut du col. La journée se déroule sous un soleil ardant et une canicule impressionnante. Je profite d’un petit arrêt aux Contamines afin de recharger mes batteries, puis j’entame la montée vers le col. La première partie, à moitié asphaltée et très raide, se trouve à être aussi pénible que l’année dernière. Au refuge de la Balme, à la limite de l’insolation, je dois m’arrêter une bonne heure afin de refroidir et de bien s’hydrater.
Je reprends mon chemin vers le col, qui est dépourvu de son manteau de neige, contrairement à l’année dernière, lui donnant une allure bien différente. Au sommet, je tombe non seulement sur un groupe d’une vingtaine de randonneurs qui effectue le Tour du Mont Blanc, mais également sur un cheval qui les accompagne et qui porte l’ensemble de leur sac sur le dos ! J’espère que ce chargement qui doit totaliser plus de 150 kilogrammes n’est pas trop pesant pour la pauvre bête.
Vers 17h00, je pose mon sac à côté du refuge de la Croix du Bonhomme. Déjà une vingtaine de tentes sont dispersées aux alentours. Cela ne m’étonne pas, le gîte est un croisement entre le sentier de l’Hexatrek, du Tour du Mont Blanc et du tour du Beaufortain. Demain, je divergerai du sentier le plus achalandé et pourrai, à nouveau, ne pas à avoir à marcher à la file indienne.
Évidemment, il faut que je me place à quelques dizaines de mètres des tentes qui ont décidé d’être bruyant et de faire le party jusqu’à 23h00 le soir. J’ai le don de me placer à des endroits incongrus. Ma tente n’est pas dans le bon angle et j’y tangue comme dans un bateau. Mais bon, trop fatiguée pour me déplacer. Ce sera ça pour la nuit. Je profite d’un petit moment de solitude pour compléter mon roman avec un beau de coucher de soleil en panorama derrière. La nuit est calme (une fois que les randonneurs sont trop fatigués pour continuer leur petite soirée). J’ai bien hâte de voir ce que la journée de demain me réservera!